![]() |
LA STRUCTURE DU LEXIQUE FRANÇAIS |
![]() |
LA STRUCTURE DU LEXIQUE ESPAGNOL |
![]() |
LA STRUCTURE DU LEXIQUE ITALIEN |
![]() |
LA STRUCTURE DU LEXIQUE PORTUGAIS |
![]() |
LA STRUCTURE DU LEXIQUE ROUMAIN |
La structure du lexique français
1. Fonds latin
La plupart des mots du français proviennent du latin vulgaire
LC = equum ~ LV = caballum > cheval
LC = potare ~ LV = bibere > boire
LC = ferre ~ LV = portare > porter
LC = edere ~ LV = manducare > manger…
Dans leur passage du latin vers le français, les mots ont subi l'usure naturelle du temps :
debet > deft > deit > doit
spatham > espedhe > espee > épée
Il en va de même pour les mots empruntés au celtique (langue des Gaulois) ou au francique (langue des Francs) :
celt. cerevisia > cervoise
franc. werra > guerre
2. Fonds celtique
Les Gaulois étaient installés dans la région qui deviendra celle de la langue française avant les Romains ; si c'est le latin des Romains qui s'est imposé au bout de cinq siècles de latinisation, il subsiste dans ce latin de nombreux mots d'origine celtique. Ces résidus linguistiques sont appelés substrat (traces de la langue du colonisé dans la langue du colonisateur). Le substrat celtique se manifeste notamment :
- dans le lexique rural ou domestique
sillon, glaner, charrue… ; boue, galet, talus…
bercer
- dans le domaine de la faune et de la flore
mouton, alouette…
bruyère, chêne…
- dans le domaine des arts et techniques
cervoise, brasserie…
charpente, jante…
- dans le domaine de l'habillement
chemise, AF braies
Certaines mesures gauloises se sont de même conservées durablement
lieue, arpent
Le lexique français actuel compte 71 mots d'origine celtique ; le lexique de la langue du Moyen Âge en comptait bien davantage ― au fil du temps, l'évolution de la société a en effet progressivement conduit à abandonner certains mots qui renvoyaient à des réalités dépassées pour ouvrir le lexique aux innovations, et les mots d'origine celtique ont été fort touchés dans ce processus.
3. Fonds francique
Après la romanisation et la latinisation de la Gaule, nos régions ont été envahies par les Francs qui s'y sont installés. Si les Francs ont abandonné leur langue, le celtique, et adopté le latin des Gallo-romains (c'est-à-dire des Gaulois romanisés), s'introduisirent dans ce latin de nombreux mots propres à leur langue. Ces résidus linguistiques sont appelés superstrat (traces de la langue du colonisateur dans la langue du colonisé).
Les domaines du lexique français les plus touchés par le francique sont :
- la guerre
balafre, éperon, guerre, hache…
- le féodalisme
fief, gage
- la construction
auberge, loge, salle
- la nourriture
flan, gâteau, gaufre
- le corps humain
crampe, hanche, ride
- les sentiments
émoi, haine, honte, orgueil
- les adjectifs de couleurs
bleu, gris, brun, blanc
- les adverbes de quantité
guère, trop…
- ainsi que les suffixes –ard et –aud
Bernard, vieillard, chauffard, trouillard…
finaud, nigaud…
La plupart de ces champs sémantiques sont très présents dans les chansons de geste (comme la Chanson de Roland) qui regorgent de mots d'origine francique :
garnemens (de *warnjan, ‘protéger', ‘prendre garde' → ‘défense', ‘équipement')
sor (de *saur ‘roux')
eschec (de *schâch ‘butin')
4. Les emprunts
Les Vikings, qui envahirent nos régions aux IXe-Xe siècles et fondèrent la Normandie (littéralement pays des Northman ‘hommes du Nord') laissèrent comme les Francs quelques traces de leur langue, le norrois, dans la langue française
bidon, crabe, duvet, flâner, griller, homard…
De même que le commerce avec les Anglais, proches voisins :
nort, sut, est, west
ou un peu plus tard le contact, par le biais des Croisades, avec les Musulmans permit l'introduction de mots d'origine arabe
sucre, algèbre, aubergine, estragon, chiffre, coton…
4.1. Les emprunts aux langues anciennes
À la fin du Moyen-Âge, de nombreux mots appartenant au latin et au grec sont introduits dans la langue française par la voie, savante, de la traduction du Nouveau Testament du grec vers le français et de la Vulgate du latin vers le français :
grec : ange, église, paradis, psautier, parler
latin : abominable, convertir, déluge…
Le développement des sciences et techniques fit naitre de nouveaux besoins lexicaux, qu'on alla également puiser dans les langues anciennes :
améthyste, calendrier, équinoxe, occident, solstice…
La philosophie y puisa
cause, forme, idée, multiplier, substance…
L'Église elle-même y puisa
autorité, discipline, pénitence, quotidien…
De nombreux termes empruntés à cette époque sont sortis de la langue :
intellectif , médicinable, suppécliter…
Seuls quelques-uns se sont conservés jusqu'à nos jours :
déduction, altercation, incarcération, prémisse…
Les mots d'origine latine introduits dans la langue par cette voie savante vinrent parfois concurrencer des mots de même origine qui avaient connu l'usure naturelle du temps, d'où la présence de nombreux doublons, dont nous ne soupçonnons pas toujours aujourd'hui l'origine commune :
rigidum > raide/rigide
integrum > entier/intègre
liberare > livrer/libérer
fabricam > forge/fabrique
4.2. Les emprunts aux langues vivantes
Au XVIe siècle, la découverte du Nouveau Monde (Amérique), la découverte de la route maritime des Indes contribuèrent en outre à faire entrer dans la langue française des mots d'origine espagnole (300 à peu près), et quelques mots d'origine portugaise (une cinquantaine) et d'origine anglaise ― rapportés par les navigateurs espagnols, portugais ou anglais des terres nouvelles découvertes :
esp. castagnettes, chocolat, cigare, colonel, tomate, vanille…
port. balise, caravelle, albatros, pintade, fétiche, marabout…
Mais ni l'espagnol ni le portugais ni l'anglais n'exercèrent à l'époque sur le français une influence aussi grande que celle de l'italien. Le prestige de l'Italie est alors tel, dans l'Europe entière, que des milliers de mots italiens s'introduisent en français, dans tous les domaines :
- la guerre
canon, cavalcade, cartouche…
- la finance
banqueroute, crédit, trafic…
- les mœurs
courtisan, disgrâce, caresse, escapade…
- la musique
fugue, intermède, mandoline, opéra, piano, sérénade, violoncelle…
- la peinture
coloris, fresque, gouache, miniature, profil…
- l'architecture
belvédère, appartement, balcon, rotonde…
- la mode
caleçon, costume, ombrelle, perle, perruque, plastron, pantalon…
- l'alimentation
citrouille, gamelle, riz, sorbet, vermicelle…
Cette influence italienne sur la langue française dépasse et dépassera en importance toutes les influences étrangères qui ont agi et agiront sur le français jusqu'au milieu du XXe siècle.
Au milieu du XVIIIe siècle débute une longue période d'anglomanie, qui marque profondément la langue française. Les emprunts à la langue anglaise prennent des formes variées :
- certains des emprunts se font tels quels
budget, cottage, jury, motion
- d'autres font l'objet d'une naturalisation
contredanse < country-dance
paquebot < packet-boat
rosbif < roastbeef
redingote < riding-coat
- le français calque également des constructions anglaises
franc-maçon ~ free mason
Au XIXe siècle, la langue française se charge d'encyclopédisme : les découvertes et les inventions dans tous les domaines se succèdent et génèrent le besoin de recours à de nouveaux mots pour désigner des réalités nouvelles. La plupart des mots nouveaux qui intègrent le français sont encore puisés dans la langue anglaise ; le domaine des chemins de fer en est un bel exemple :
wagon, rail, tunnel
de même que le domaine des sports (le mot sport lui-même vient de l'anglais) :
football, rugby, fair-play…
L'engouement pour les mots anglais est tel que la langue française va jusqu'à créer de faux anglicismes :
recordman (là où l'anglais a record holder)
rugbyman (là où l'anglais a rugby player)
shake-hand (là où l'anglais a handshake)
smoking (là où l'anglais a dinner jacket)
Jusqu'au XVIIe siècle, l'influence anglaise sur le français a été insignifiante : 8 mots au XIIe siècle, 2 au XIIIe, 11 au XIVe, 6 au XVe, 14 au XVIe, puis 67 au XVIIe, 134 au XVIIIe, 377 au XIXe et… 2150 au XXe siècle, d'après le recensement des lexicographes (auteurs de dictionnaires).
Les emprunts à l'anglais d'outre Manche pénètrent massivement dans la langue française dès la fin du XIXe siècle, et vers le milieu du XXe siècle, les États-Unis prennent le relais de la Grande-Bretagne en apportant au français nombre de termes en relation avec le cinéma, les produits industriels, le commerce, le sport, et d'une manière générale tout ce qui touche aux sciences et à la technologie. On recense dans les dictionnaires français actuels plus de 2 500 mots empruntés à l'anglais. Cette liste pourrait considérablement s'allonger si on prenait en compte certains lexiques spécialisés (notamment tout ce qui touche à l'Internet).
![]() |
Cette notice a été rédigée pour ROMA·NET par Annick Englebert. |
La structure du lexique espagnol
1. Fonds latin
La plupart des mots de l'espagnol proviennent du latin. Nous pouvons les classifier en fonction de l'usure qu'ils ont subie :
Les mots patrimoniaux sont ceux qui appartiennent au latin et ont subi toute l'évolution jusqu'à la naissance de l'espagnol :
capitia > cabeza
plorare > llorar
terra > tierra
lupum > lobo
cultellum > cuchillo
Les mots savants sont les termes latins incorporés tardivement à la langue et qui, n'ayant pas subi d'usure, gardent une forme similaire :
curriculum > currículo
salire > salir
rapidus > rápido
relaxare > relajar
Les mots semi-savants sont les termes dérivés du latin qui n'ont pas subi entièrement l'usure du temps à cause de la pression exercée sur eux par les domaines cultes (surtout l'Église).
seculus, au lieu de (seculo> seg'lo> sieglo> *sejo), s'est figé en siglo
fructus, au lieu de *frucho s'est stagné à fruto.
periculum, au lieu de *perijo s'est stagné à peligro
Les doublets sont deux termes qui ont évolué d'un même mot latin : l'un est un mot patrimonial et l'autre, un mot savant :
testiculum > testigo/testículo
delicatum > delgado/delicado
frigidum > frío/frígido
collocare > colocar/colgar
digitum > dígito/dedo
2. Voies non latines
2.1. Termes d'origine grecque
a–, an– (afónico)
acro– (acrofobia)
aero– (aerofagia)
agono– (agonía)
agro– (agronomía)
alo– (alópata)
andro– (andrógeno)
anti– (antinatural)
Avant l'arrivée des Romains en 218 av. J.-C., d'autre peuplent habitaient la Péninsule Ibérique : Ibères, Celtes, ligures, basques.
vega, barro, carrasca, páramo, arroyo, braga
Après les invasions barbares du Ve siècle :
2.2. Emprunts aux langues germaniques
- Domaine guerrier
espía, espuela, galardón, ganar, guerra, yelmo
- Anthroponymes (noms propres de personne)
Alberto, Álvaro, Fernando, Rodrigo, Elvira, Gonzalo
- Toponymes (noms propres de lieux)
Mondariz, Guitiriz, Gondomar, Castrogeriz, Villafáfila
2.3. Emprunts à l'arabe
En 711 les arabes ont entamé la conquête de la Péninsule. En seulement 7 ans ils ont occupé tout le territoire, ce qui a fait que l'influence linguistique ait été énorme (17 % du lexique actuel)
Alfombras, Almohadas, berenjenas, zanahorias, arroz, azúcar
2.4. Emprunts au français
- Influence au Moyen-Âge : grâce au Chemin de Saint Jacques de Compostelle
alemán, ciprés, coraje, hereje, pincel
- Influence au XVIIIe siècle : avec l'arrivé de la dynastie des Bourbons
bayoneta, bufanda, brigada, gabinete, funcionario, espectador
2.5. Emprunts d'Amérique : l'importation de nouveaux produits
tabaco, patata, tomate, maíz, cacao, café
2.6. Emprunts à l'anglais, surtout aux XXe et XXIe siècles
cheque, club, ponche, pijama, champú, vagón
2.7. Autres origines
- Italien : campeón, soneto, piano
- Portugais : biombo, mermelada, caramelo
- Galicien : chubasco, vieira, morriña
- Catalan : paella, turrón, alioli
- Basque : izquierda, pizarra, chabola
![]() |
Cette page a été rédigée pour ROMA·NET par Lidia Morales. |
La structure du lexique italien
L'heritage du latin dans le lexique italien est très varié et correspond à un total de 35 196 mots à partir d'avant le IXe siècle et jusqu'au XXe.
Il comprend, d'une part, les mots hérités directement du latin dans le passage du latin à l'italien, les « lessemi patrimoniali », qui viennent du latin parlé et qui rapprochent l'italien des autres langues romanes. Il s'agit surtout de mots qui concernent la vie quotidienne ainsi que la culture materielle : les mots grammaticaux (articles, prépositions, conjonctions, adverbes), les verbes, les noms et les adjectifs plus fréquents, les chiffres, les noms de parentés, des parties du corps et des phénomènes naturels
HOMO > uomo 'homme'
DOMINAM > donna 'femme'
CIVITATEM > città 'ville'
On en dénombre 4 574, indiqués dans le graphique qui suit avec lat. class., lat. tardif.
Il y a, d'autre part, et en très grande majorité, des mots qui proviennent de la culture latine écrite, les « latinismi », par exemple tirés de la traduction d'ouvrages latins où les écrivains pouvaient puiser
- des mots plus abstraits comme
alleanza 'alliance', amicizia 'amitié', difficoltà 'difficulté'
- des mots techniques du domaine du droit, de la géométrie, de la médecine, de l'architecture
cessione 'cession', contraente 'contractant'
equilatero 'équilatéral'
arteria 'artère', cervello 'cerveau', costole 'côte', femore 'fémur'
cemento 'ciment'
Ils sont au nombre de 30 622.
Au sein des deux catégories des « lessemi patrimoniali » et des « latinismi », on peut distinguer les apports du :
- latin classique (latin ancien écrit) : le latin par excellence
- latin ancien et tardif reconstruit (indiqué avec * parce que nous ne possedons pas de traces écrites)
- latin tardif et ecclésiastique écrit : filtre phonologique des mots entrés dans l'italien provenant du grec
- latin écrit médiéval (en rapport avec la tradition vulgaire parlée)
- latin moderne
- latin scientifique
On peut remarquer que le latin a toujours été une langue de culture (à partir du Moyen-Âge en passant par la Renaissance (XVe-XVIe siècles) pour arriver au XVIIIe siècle) et aussi la langue de l'Église catholique jusqu'au Concile Vatican II (1962-1965).
Les « latinismi » ont donc beaucoup contribué à l'enrichissement du lexique italien. Ils ont conduit
- à la création de doublons
parabola(m) > parola ~ parabola
On peut remarquer que le deuxième mot n'a pas subi de changement phonétique comme le premier, étant rentré dans la langue par voie écrite.
- à l'introduction de suites de consonnes qui n'existaient pas dans le lexique de base
pensare/penser > pesare 'peser'
mensile/mensuel > mese 'mois'
- à l'augmentation de mots proparoxytons (avec l'accent tonique sur l'antépénultième syllabe) :
spathula(m) > spa-to-la > spalla (spal-la)
Le lexique florentin étant constitué pour la plus part de mots paroxytons (avec l'accent tonique sur l'avant dernière syllabe).
À ces « latinismi » que nous pouvons considérer comme des emprunts adaptés, on peut ajouter des emprunts non adaptés
referendum, herpes, ictus, agenda, grosso modo
et des mots latins qui sont entrés dans l'italien à travers l'anglais comme
auditorium, focus, mass media
Le latin a aussi contribué à enrichir l'italien d'un point de vue sémantique. Les écrivains ont largement utilisé des mots qui, en latin, avaient une autre signification par rapport aux mêmes mots italiens : par exemple :
studioso = 'studieux' voulait dire aussi en latin 'avide'
1. Emprunts aux langues de substrat
Avant et en même temps que les Romains, il y avait d'autres peuples qui habitaient la Péninsule et parlaient d'autres langues que le latin, notamment les Étrusques, les Celtes et les Osques-Ombriens. De leurs langues, l'italien a hérité de mots comme
persona 'personne', popolo 'peuple', catena 'chaîne' < Étrusques
betulla 'bouleau', becco 'bec', carro 'char' < Celtes
lupo 'loup', scrofa 'truie'/'laie' < Osques-Ombriens
2. Emprunts du grec ancien
La plupart des mots provenant du grec sont entrés en italien à travers le latin.
Il s'agit de :
- noms de plantes
ciliegio 'cérisier', ulivo 'olivier', mandorlo 'amandier'
- noms d'animaux marins
acciuga 'anchois', balena 'baleine', tonno 'thon'
- des parties du corps
gamba 'jambe', spalla 'épaule', braccio 'bras'
- d'objets quotidiens
ampolla 'burette', anfora 'amphore', lampada 'lampe'
- des sciences
filosofia 'philosophie'
retorica 'rhétorique'
aritmetica 'arithmétique'
geometria 'géométrie'
geografia 'géographie'
- du lexique réligieux
battesimo 'baptême', carisma 'charisme', basilica 'basilique', vescovo 'évêque', monaco 'moine'
Au Moyen-Âge, à l'époque de la domination byzantine, entrent dans l'italien des mots comme
anguria 'pastèque', molo 'môle', ormeggiare 'amarrer'
dans la période de l'humanisme (XVe) :
catastrofe 'catastrophe', entusiamo 'enthousiasme', dialetto 'dialecte', periodo 'période'
à partir du milieu du XVIIe siècle : des mots de la médecine, des sciences naturelles et des mathématiques.
3. Les mots d'origine anglaise
Ce n'est qu'à partir du XVIIe siècle que l'anglais suscite de l'intérêt en Italie. Dans la période précédente c'était plutôt les Anglais qui s'intéressaient à la culture italienne. Mais, concrètement, malgré l'intêret porté par quelques intellectuels italiens au XVIIIe siècle envers la culture anglaise, il n'y a pas eu de transfert de mots de l'anglais à l'italien. Au XIXe siècle, ce sont les traductions des romans de l'écossais Walter Scott ou de l'américain James Fenimore Cooper qui amènent à la diffusion de mots anglais, par exemple
gentleman 'monsieur', milady 'madame', whisky, whist, pellerossa 'peau-rouge', sceriffo 'shérif'
C'est après 1950 que trois quarts des emprunts non italianisés entrent dans la langue italienne dans les domaines
- de la vie quotidienne
shampoo, fast-food, light, manager, check-in, meeting
- du sport
basketball, football
- du spectacle
star, audience, pay-tv, share, « piedipiatti »/policier)
- de la mode
fashion, look, glamour, top model
- de la publicité
target, spot, testimonial
- de la musique
blues, rock, rap, soul, disco, dance
- et des medias.
En italien, il y a aussi des mots qui ressemblent à des mots anglais, mais n'en sont pas, comme, par exemple
pressing (en anglais forcing)
footing (en anglais jogging)
golf (dans le sens de « maglione » 'pull')
Des 8 468 mots anglais entrés dans la langue italienne, plus de la moitié (4782) appartiennent aux domaines techniques et scientifiques.
4. Les mots d'origine provençale et française
À l'époque médiévale les emprunts au français et au provençal furent nombreux, spécialement dans les domaines de la vie quotidienne (IXe-XVe siècles : dominations des Carolingiens, des Normands et des Anjou) du commerce et de la littérature (les chansons de geste ainsi que la lyrique des troubadours). Ils concernent donc :
- le lexique élémentaire :
mangiare 'manger', burro 'beurre', cugino 'cousin', roccia 'rocher', giallo 'jaune' < ancien français
bugia 'mensonge', coraggio 'courage', pensiero'pensée', speranza 'espoir' < provençal
- le langage militaire :
cavaliere 'chevalier', scudiere 'écuyer'
- le langage de la vie de la cour :
levriero 'lévrier' (chasse)
corsetto 'corset', gioiello 'joyau' (habillement)
liuto 'luth', viola 'viole' (musique)
giardino 'jardin', sala 'salle', torneo 'tournoi'
- le langage de l'amour courtois : « gioia »/joie, « noia »/ennui, « merzé »/merci, « talento »/talent (mots clé du vocabulaire amoureux)
Si aux XVe et XVIe siècles, c'est l'italien qui s'affirme comme langue de culture dans l'Europe de la Renaissance, à partir de la deuxième moitié du XVIe siècle et jusqu'à la fin du XVIIIe, l'influence du français reprend le dessus. Ce sont les mots qui concernent
- la vie de société
società 'société', spirito 'esprit', brillante 'brillian'
- la mode
cravatta 'cravate', parrucchiere 'coiffeur'
- et la gastronomie
bignè 'beignet', liquore 'liqueur', pasticceria 'pâtisserie', ragù »/ragoût)
qui prévalent. S'ajoutent des mots provenant du lexique de la philosophie
pregiudizio 'préjugé, tolleranza 'tolérance', libertinaggio 'libertinage'
Dans la période napoléonienne, ce sont des mots provenant du domaine militaire
caserma'caserne', fucile 'fusil', gendarme 'gendarme', uniforme 'uniforme'
et politique
patriota 'patriote', rivoluzionario 'révolutionnaire'
qui entrent dans la langue italienne. Dans la deuxième moitié du XIXe siècle et au XXe siècle, nous trouvons
maionese 'mayonnaise', menu', boutique…
5. Les mots d'origine espagnole et portugaise
Jusqu'au XVe siècle l'espagnol joua un rôle important de médiateur pour la diffusionde mots d'origine arabe dans la péninsule. À partir du XVe siècle, des mots comme
infante 'prince royal', posata 'couvert'
et ensuite
appartamento 'appartement', burla 'plaisanterie', regalo 'cadeau', ammutinare 'mutiner', baciamano 'baisemain', complimento 'compliment'
Par le portugais arrivent en italien les mots comme
ananas, banana 'banane', cocco 'noix de coco'
6. Emprunts aux langues germaniques et à l'allemand
À travers le latin, les populations germaniques ont transmis principalement, via les langues germaniques dont l'allemand (langue standard parlée dans la partie méridionale de l'Allemagne) des mots appartenant au lexique quotidien, par exemple
sapone 'savon', vanga 'bêche'
ou alce 'élan', un animal que les Romains ne connaissaient pas. En suite, les Goths, les Lombards et les Francs occupèrent certaines régions de l'Italie. De ces dominations, la langue italienne hérita des mots comme
fiasco 'flasque'
- ainsi que des mots du domaine militaire comme
albergo 'logement pour l'armée', elmo 'heaume', guardia 'garde'
- ou des mots liés aux chevaux comme
briglia 'bride', staffa 'étrier', stallone 'étalon'
Du lombard, proviennent des mots des parties du corps comme
anca 'hanche', guancia 'joue', schiena 'dos', stinco 'tibia'
ou des mots qui se réfèrent à la maison
balcone 'balcon', scaffale 'étagère', gruccia 'bequille/cintre'
Du francique :
banco 'banc', guanto 'gant', roba 'choses'
Entre le XIIIe et le XVIIe siècle, ce sont surtout des mots du domaine militaire qui entrent en italien
alabarda 'hallebarde
Aux XVIIIe-XIXe siècles, c'est à travers le français qu'arrive le mot calesse 'cabriolet' ainsi que walzer et les noms des liqueurs vermut et kirsh, mais aussi les mots comme morfologia 'morphologie', stilistica 'stilistique'. Au XXe siècle, c'est à nouveau le domaine militaire qui prévaut (lager, kaputt, panzer).
7. Emprunts à l'arabe
L'influence de la langue arabe commence déjà aux VIIe-VIIIe siècles a.C. et continue jusqu'à nos jours. Les principaux mots qui nous viennent de l'arabe sont des noms de fruits comme
albiccocca 'abricot', arancio 'orange', limone 'citron'
- de légumes comme
carciofo 'artichaut'
- ou d'épice comme
zafferano 'safran', zucchero 'sucre'
Des mots ayant trait à la mer, comme
ammiraglio 'amiral', darsena 'darse', magazzino 'dépôt'
ou aux sciences
alambicco 'alambic', alchimia 'alchimie', algebra 'algèbre', algoritmo 'algorithme', zenit 'zénith', nadir
Au XXe siècle, environ deux cents mots d'origine arabe sont entrés en italien, comme, par exemple,
kebab, hummus, halal, intifada
8. Les mots provenant de l'hébreu
Ces mots entrent par le biais de la Vulgate de la Bible. Il s'agit de mots comme
manna 'manne', serafino 'séraphin', cherubino 'chérubin', amen, alleluia, sabato 'samedi', osanna
9. Les mots provenant du chinois, du japonais et du russe
C'est par le Milione de Marco Polo (XVIe siècle) qu'arrivent des mots comme Catai (dans le sens de 'chinois'), et le toponyme Cin ; et, par le biais des missionnaires franciscains et jésuites (XVIe, XVIIe), les adjectifs tartaro 'tartare' et mongolo 'mongol' ; tè 'thé' et ginseng. Il faudra attendre la deuxième moitié du XXe siècle, au moment de la révolution culturelle de Mao Tse-Tung, pour trouver d'autres mots, comme, par exemple, dazebao, les pancartes utilisées par les jeunes pour les slogans.
À partir de la moitié du XVIe siècle, dans les relations des voyageurs italiens qui s'étaient rendus au Japon, on trouve des mots comme geisha, bonzo, chimono, tatami, sakè ainsi que le nom du fruit cachi que les italiens ont interprété comme un pluriel et donc ils ont crée un singulier caco. Au XIXe siècle, grâce à l'ouverture vers l'occident, par le biais d'articles de journaux, dictionnaires et relations de voyage, se diffusent les mots banzai et harakiri. Au XXe siècle, les manga, les noms des arts martiaux (judo, karate, aikido), le karaoke, le sudoku ; des mots de la gastronomie sushi, sashimi, wasabi ; ou encore, zen, origami, bonsai et plus recemment tsunami.
À part les quelques mots russes qui entrèrent en italien dès le XVIe siècle (russo, zar, copeco, rublo, pope, dacia, troika, tundra, taiga), il faudra attendre la deuxième moitié du XXe siècle pour trouver des mots comme gulag, massimalismo 'maximalisme', attivismo 'activisme', quadro (dirigent politique) 'cadre'.
10. Emprunts adaptés : les régionalismes et les dialectismes
Au cours des deux derniers siècles, la langue italienne s'est enrichie de régionalismes et de dialectismes (7 700, plus du vocabulaire de base qui se compose de 6 700 lexèmes !). Ce sont des mots utilisés surtout dans la région d'origine (les régionalismes) même si tous les Italiens en comprennent la signification ; ou des mots qui, malgré leur origine locale, ont dépassé les frontières de l'endroit où ils sont nés et sont compris et utilisés de tous les locuteurs italiens (les dialectismes). Il est difficle d'en faire une distinction exacte.
Ils sont liés surtout :
- à la vie quotidienne
carnezzeria en sicilien ~ macelleria 'boucherie' en italien
- à l'alimentation
sicilien cannolo
napolitain mozzarella
piémontais grissino
milanais panettone
- aux métiers traditionnels
piémontais mondina 'la femme qui cueille et nettoie le riz'
- aux noms des ustensiles de cuisine
dialecte de Rome sgommarello = mestolo 'la louche'
- aux noms d'habitations
maso dans le Trentin
trullo dans les Pouilles
- aux éléments du paysage naturel et du territoire
frioulan foiba = fossa 'trou'
- à la criminalité et à la société
sicilien mafia
lombard teppista
napolitain guappo 'personne violente et sans scrupules'
Ce phénomène s'est vérifié après le processus d'unification du Pays (1861), qui a amené la culture écrite italienne (qui correspondait au florentin du XIVe siècle), même si ce fut très lentement, à se rapprocher de la culture orale dialectale. La plupart des mots proviennent du dialecte de Rome, suivis par les mots d'origines milanaise, napolitaine et sicilienne. On considère ces mots comme des emprunts adaptés, vu qu'ils sont entrés dans les systèmes phonetique et morphologique de l'italien
tortellino = émilien turtlein
Parmi ces mots, se trouvent les géosynonymes, des mots différents qui ont la même signification et qu'on utilise à l'échelle régionale. Par exemple, le pastèque peut s'appeler anguria, cocomero, mellone, citrone.
![]() |
Cette page a été rédigée pour ROMA·NET par Sabina Gola. |
La structure du lexique portugais
1. Les mots provenant des peuples pré-romains
Des Indo-européens appelés Ligures, Illyriens et Ambro-Illyriens ont habité la péninsule dans le deuxième millénaire a. C. et les Celtes sont venus jusqu'à la péninsule ibérique au VIIe siècle a. C.
D'autres peuples se sont installés sur le territoire péninsulaire : les Égyptiens, les Phéniciens, les Crétois, les Grecs, les Carthaginois, les Tartessiens, les Étrusques.
Le lexique portugais conserve encore des traces de ce substrat lexical, la plupart d'entre eux sont d'origine celtique.
Domaines | Mots |
“briga” dans les noms de lieux | Conímbriga, Lacóbriga (Lagos) |
d'autres toponymes | Olissipo (Lisboa), Évora, Braga, Viseu, Ílhavo |
noms des fleuves | Vouga, Zêzere, Tâmega, Tejo |
noms communs | lousa, bruxa, chaparro, esquerdo, mata, sapo, várzea, cabana, argila, manteiga |
Des noms d'origine celtique tels que camisa, carro, caminho, légua, cerveja, ont été introduits dans la langue par les contacts avec le latin dans les différentes parties de l'Empire Romain.
2. Le fond latin
On sait que le latin triompha sur les langues autochtones grâce à son prestige comme instrument d'une civilisation et d'une conception de la politique supérieure. Néanmoins, la langue qui a été imposée dans les régions conquises n'a pas été le latin dans sa forme littéraire, mais le latin vulgaire, expression couramment utilisée pour désigner le latin parlé et plus éloigné des normes littéraires, couramment utilisé dans des situations d'échange, par des soldats, des marchands et des artisans.
Même si la plupart des mots du portugais proviennent du latin vulgaire, on retrouve dans la langue portugaise, des mots qui, ayant la même étymologie latine, s'en écartent par le sens, l'orthographe ou la phonétique.
Étymon | provenant du latin classique | provenant du latin vulgair |
superare | superar | sobrar |
oculu | óculo | olho |
parabola | parábola | palavra |
catedra | cátedra | cadeira |
cogitare | cogitar | cuidar |
plenu | pleno | cheio |
macula | mácula | mágoa / mancha |
clave | clave | chave |
3. Les mots provenant des peuples qui ont occupé la péninsule après les romains
3.1. Les peuples germaniques
Déjà durant les Ve, VIe et VIIe siècles, la péninsule ibérique a été occupée par les germaniques – Vandales, Suèves, Alains et Wisigoths. Seuls les Souabes et les Wisigoths ont réussi à s'imposer pendant un certain temps, suffisamment pour influencer de manière décisive la langue et la culture du peuple dominé. Les Wisigoths, en particulier, ont laissé quelques mots associés à plusieurs domaines, tels que la guerre à travers des mots comme elmo et espora.
Cette influence se retrouve dans différents domaines :
Domaines | mots |
Onomastique | Rodrigo, Álvaro, Fernando, Gonçalo, Henrique, Rui, Frederico, Ricardo, Afonso |
Activité militaire | elmo, espora, guerra, barão, bandeira, arreio, arauto, orgulho, trégua |
Toponymes | Ermesinde |
Sufixe –engo | solarengo, mostrengo |
D'autres | marca, feudo, rico, guardar, agasalhar, burgo, sala, luva, roca, broa, sopa |
3.2. Les Arabes
En 711, les Arabes et les Berbères du Maghreb ont occupé la péninsule ibérique, influençant la culture et la langue des territoires occupés. L'interaction des deux langues a abouti au mozarabe, qui était en vigueur dans le sud. L'une de ses principales caractéristiques est l'agglutination des noms de sources latines à l'article arabe al :
alcaide, alface, alfinete, algarismo, álgebra, algodão, almofada, alvará…
Le développement de la culture arabe et sa longue présence sur le territoire qui allait devenir le Portugal (711-1249) rend l'influence lexicale de l'arabe considérable.
Le nombre de mots arabes entrés dans les langues péninsulaires – principalement liés au commerce, à l'administration, des noms de lieux, de la faune et de la flore – est élevé. On estime à environ un millier ceux qui ont été assimilés par le portugais.
Domaines | Mots |
L'agriculture et la flore | Açude, alecrim, alfazema, azenha, azeitona, laranja, limão, nora, tremoço |
La science | Azimute, zénite |
L'administration et la guerre | Alfândega, alferes, algazarra, alarido, almirante |
Les utensiles pratiques | Alambique, alcatruz, alicate, almofariz, rabeca, tambor, xadrez, algarismo |
L'urbanisme | Andaime, alpendre, armazém, aldeia, azulejo, tabique |
L'alimentation | Açorda, alcachofra, almôndega, xarope |
Les toponymes | Almada, Alcainça, Alcobaça, Alcoentre, Algarve, Alvalade, Azambuja |
Les adjectifs sont extrêmement rares : azul, zarco, forro. Pour les autres catégories, on peut souligner : un verbe, afagar ; un pronom indéfini, fulano ; une préposition, até et une interjection, oxalá.
Entre le XIVe et le XVIe siècles, avec les découvertes, la langue portugaise s´étend à de nombreuses régions d'Asie, d'Afrique et d'Amérique. Au XVIe siècle, c'est devenu une langue de commerce en Asie et en Afrique, utilisée non seulement pour l'administration et le commerce colonial, mais aussi pour la communication entre les responsables locaux et les Européens de toutes nationalités.
La diffusion de la langue a été encouragée par les mariages mixtes entre les Portugais et populations indigènes (très courants aussi dans d'autres parties du monde) et son association avec les efforts missionnaires catholiques.
De la même manière, beaucoup de mots portugais sont entrés dans le lexique de nombreuses autres langues, telles que sepatu (de sapato) en indonésien, Keju (de queijo) en malais et meza (de mesa) en swahili.
Mots provenant du malais | Mots provenant du chinois | Mots provenant du japonais | Africanismes | Mots tupi |
beliche | chá | biombo | banana | abacaxi |
chávena | leque | quimono | batuque | capim |
lanche | ganga | catana | macaco | caju |
bule | girafa | maracujá | ||
jibóia | ||||
arara | ||||
piranha | ||||
jacaré | ||||
Mots amérindiens saisis par les Espagnols : cacau, canoa chocolate, batata, tabaco, tomate |
4. Unité et diversité de la langue portugaise
4.1. Le portugais européen et le portugais au Brésil
Quelques particularités lexicales :
Brésil celular ~ Europe telemóvel
Brésil moleque ~ Europe garoto
4.2. Le portugais en Afrique
Quelques particularités lexicales :
Afrique cadengue ~ Europe pequeno
Afrique maka ~ Europe problema
![]() |
Cette page a été préparée pour ROMA·NET par Maria Sofia Santos. |
La structure du lexique roumain
Une statistique du XXe siècle concernant la composition du lexique roumain selon l'étymologie des mots donne les pourcentages suivants :
- 43 % d'emprunts aux langues romanes occidentales (dont 38,40 % au français) ;
- 20 % de mots hérités du latin ;
- 11,5 % d'emprunts aux langues slaves (vieux-slave, bulgare, serbe, ukrainien, russe) ;
- 3,60 % d'emprunts au turc ;
- 2,40 % d'emprunts au grec ;
- 2,17 % d'emprunts au hongrois ;
- 2 % d'emprunts à l'allemand.
L'histoire du roumain comporte trois étapes principales :
- du IIe au IXe siècle, depuis les guerres romanes jusqu'à l'apparition des populations d'origine slave sur le territoire de l'ancienne Dacie ;
- du IXe au XIXe siècle, où l'on assiste à la formation de la langue roumaine littéraire ;
- du XIXe siècle à nos jours.
Après la conquête de la Dacie par Trajan, le latin vulgaire devient la principale langue parlée sur le territoire de l'ancienne Dacie ; le substrat de la langue roumaine, la langue géto-dace, a une contribution réduite à la formation de la langue roumaine. La liste des mots d'origine dace dans la langue moderne tourne autour de 50 mots, tout en variant d'un chercheur à l'autre. On peut noter quelques exemples :
brad 'sapin', brânză 'fromage', buză 'lèvre'
Le lexique roumain de base provient du latin :
- les noms des parties du corps
cap 'tête', deget 'doigt', mână 'main'
- des jours de la semaine
luni, marţi, miercuri, joi, vineri, sâmbătă, duminică
- ainsi que
câine 'chien', pâine 'pain', apă 'eau', a mânca 'manger', a veni 'venir'…
Sur cette base du roumain viennent s'ajouter diverses influences, dont la plus importante est celle du slave ancien. Beaucoup de mots proviennent de cette langue :
plug 'charrue', lopată 'pelle', brazdă 'sillon'…
L'influence slave se poursuit par l'église, la religion des Roumains étant le christianisme orthodoxe et la langue de l'église étant le slavon. À l'influence slave s'ajoutent les emprunts grecs, hongrois, turcs et allemands.
La troisième étape dans le développement de la langue roumaine est une étape de modernisation. Au XIXe siècle, la société roumaine commence à se moderniser sous l'influence de l'Europe de l'Ouest, phénomène dont l'un des corollaires est l'emprunt massif de mots, qui détermine une relatinisation du roumain, soit à partir du latin savant, soit à partir d'une langue romanes, surtout le français ou parfois l'italien. Du latin on a des exemples d'emprunts tels que :
fabulă 'fable', familie 'famille', literă 'lettre (caractère)', rege 'roi', tezaur 'trésor'
Parfois, on ne peut pas établir de laquelle de ces langues provient tel ou tel mot. Par exemple, belicos peut avoir comme étymon lat. bellicosus, ital. bellicoso ou fr. belliqueux. On parle souvent de l'étymologie multiple pour désigner les mots roumains qui ont deux ou plusieurs langues-sources potentielles.
Il y a aussi des cas où la langue a adopté, à côté d'un mot hérité, un dérivé formé dans une langue romane à partir de l'étymon du mot de base :
lat. aqua > roumain apă « eau » – lat. aquaticus / français « aquatique » > roum. acvatic ;
lat. frigus > roum. frig « froid » – lat. frigidus / fr. « frigide » > roum. frigid ;
lat. tacere > roum. a tăcea « (se) taire » – lat. tacitus / fr. « tacite » > roum. tacite.
De nos jours, les mots nouveaux viennent surtout de l'anglais. Leur degré divers d'intégration prouve qu'ils sont entrés plus ou moins récemment dans la langue. Les mots anglais empruntés à une époque plus éloignée se prononcent et s'écrivent à la roumaine :
blugi 'blue-jeans', gem 'confiture', interviu 'interview', lider 'dirigeant', meci 'match'
Les emprunts plus récents se prononcent et s'écrivent comme dans la langue d'origine
cow-boy, fair-play, jazz, hobby, management, manager, marketing, mass-media, week-end…
mais on leur attribue un genre, un article défini et des désinences selon les règles du roumain :
managerul 'le directeur', cowboy-ului 'au/du cow-boy', mass-mediei 'aux/des médias'
![]() |
Cette page a été rédigée pour ROMA·NET par Alice Toma. |