L'expression de l'hypothèse en latin

Le latin présente un schéma assez clair et synthétique pour véhiculer l’idée d’hypothèse : en italien on appelle ce processus syntaxique sous le nom de periodo ipotetico, tandis qu’en français on n’a pas un nom pour le processus en général, mais on définit les différents cas de l’expression de l’hypothèse de manière particulière.

Tout d’abord, il est important de distinguer les deux parties de la proposition en latin : d’un côté on a la protase, une proposition subordonnée qui exprime l’hypothèse, normalement elle est introduite par des particules telles que si (‘se’), nisi (‘si non’), sin (‘si par contre’). La proposition principale est appelée apodose et exprime les conséquences de la protase, elle n’est introduite par aucune particule.

Le premier type de construction qu’on va voir sert à exprimer une hypothèse certaine avec objectivité. Dans la protase on trouve l’indicatif (ou le subjonctif, si le sujet est indéterminé), et dans l’apodose aussi l’indicatif (ou bien, les modes des propositions indépendantes en latin, à savoir subjonctif et impératif). Pour ce qui est des temps de ces verbes, ils suivent les règles de la consecutio temporum.

Indicatif dans la protase et dans l’apodose :

Poma, si matura sunt, decidunt

Sujet indéterminé dans la protase, subjonctif :

Ne vivam, si hoc sciebam

Impératif dans l’apodose (on peut trouver aussi le subjonctif)

Si vis pacem, para bellum

On a, ensuite, une construction qui exprime la possibilité : cette possibilité peut être envisagée dans le présent ainsi que dans le passé selon les temps des verbes qu’on va utiliser. La possibilité est envisagée ici comme réalisable, or il n’y a pas de certitude comme dans le cas précèdent.

Pour une possibilité dans le présent, on va trouver dans la protase, ainsi que dans l’apodose, le subjonctif présent.

Si eum videas, recognoscas

Pour une possibilité dans le passé, il suffit juste de changer le temps du subjonctif au parfait (cette construction est, pourtant, rare en latin)

Si hoc ex eo quaesieris, libenter responderit

La dernière construction possible en latin sert à exprimer l’irréalité d’une hypothèse : elle peut avoir lieu (comme pour la possibilité) dans le présent et dans le passé et cette distinction se fait toujours au niveau des temps verbaux. L’hypothèse exprimée dans la protase se trouve, ici, contraire à la réalité.

Pour exprimer l’irréalité dans le présent, on utilise dans la protase, ainsi que dans l’apodose, le subjonctif imparfait :

Si Romae esset, libenter eum viserem
‘si Roma était là (mais il n’est pas là), je le rencontrerais volontiers

Pour exprimer l’irréalité dans le passé, il suffit simplement de changer le temps au plus-que-parfait :

nisi te amavissem, hoc tibi non dixissem
‘si je ne t’aimais pas (mais je t’aime), je ne te dirais pas cela’

revue roma blanc 120 Cette page a été rédigée pour ROMA·NET par Matteo SERRA
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