Ciàula scopre la luna (Luigi Pirandello)
Luigi Pirandello (1867-1936) est un dramaturge, écrivain et poète italien à qui fut octroyé le Prix Nobel de Littérature en 1934. Parmi
Ciàula scopre la luna est un récit de Luigi Pirandello publié pour la première fois dans le Corriere della Sera, le 29 décembre 1912. Il fait partie du recueil de récits Dal naso al cielo (1925).
C’est l’histoire d’un jeune homme, Ciàula, qui travaille dans une mine de soufre en Sicile. Il travaille beaucoup, toujours dans les entrailles de la mine et n’a jamais l’occasion de regarder autour de lui. Mais, un jour, il est obligé de rester travailler plus tard. Quand il sort de la mine, sous un poids écrasant, il découvre pour la première fois la lune.
Voici les dernières lignes du récit, qui décrivent l’émotion et l’émerveillement de ce jeune face à la lune, qui lui donne le courage de continuer à travailler et lui fait découvrir son humanité ainsi que la beauté de la nature.
« Restò - appena sbucato all’aperto - sbalordito. Il carico gli cadde dalle spalle. Sollevò un poco le braccia; aprì le mani nere in quella chiarità d’argento.
Grande, placida, come in un fresco luminoso oceano di silenzio, gli stava di faccia la Luna.
Sì, egli sapeva, sapeva che cos’era; ma come tante cose si sanno, a cui non si è dato mai importanza. E che poteva importare a Ciàula, che in cielo ci fosse la Luna?
Ora, ora soltanto, così sbucato, di notte, dal ventre della terra, egli la scopriva.
Estatico, cadde a sedere sul suo carico, davanti alla buca. Eccola, eccola là, eccola là, la Luna... C’era la Luna! la Luna!
E Ciàula si mise a piangere, senza saperlo, senza volerlo, dal gran conforto, dalla grande dolcezza che sentiva, nell’averla scoperta, là, mentr’ella saliva pel cielo, la Luna, col suo ampio velo di luce, ignara dei monti, dei piani, delle valli che rischiarava, ignara di lui, che pure per lei non aveva più paura, né si sentiva più stanco, nella notte ora piena del suo stupore. »
À peine sorti au grand jour, il resta bouche bée. Le chargement lui tomba des épaules. Il souleva un peu les bras ; il ouvrit les mains noires dans cette clarté argentée.
Grande, placide, comme dans un océan de silence frais et lumineux, la Lune se dressait devant lui.
Certainement, il savait bien ce que c’était la Lune ; mais comme on connaît beaucoup de choses auxquelles on n’a jamais donné de l’importance. Et qu’est-ce qu’il en avait à faire Ciàula si dans le ciel il y avait la Lune ?
Ce n’était qu’à ce moment là, sorti au grand jour, la nuit, des entrailles de la terre, qu’il l’avait découverte.
Abasourdi, il s’assit lourdement sur son chargement, devant le trou. La voilà, la voilà là haut, la Lune … C’était la Lune ! la Lune
Et Ciàula commença à pleurer, sans le savoir, sans le vouloir, pour le réconfort, la grande douceur qu’il sentait pour l’avoir découverte, là haut, tandis qu’elle montait au ciel, la Lune, avec son grand voile de lumière, inconsciente des montagnes, des plaines, des vallées qu’elle éclairait, inconsciente également de lui, qui grâce à elle n’avait plus peur et ne sentait plus de fatigue, dans cette nuit là qui était désormais pleine de son émerveillement.
(Traduction de S. Gola)
Cette page a été rédigée pour ROMA·NET par Sabina Gola. |