L'utopie dans la littérature roumaine

Istoria ieroglifică (Dimitrie Cantemir)

L’histoire hiéroglyphique est un roman allégorique écrit par Dimitrie Cantemir, dans laquelle l’érudit moldave dépeint le conflit entre lui et son frère Antioh Cantemir, d’une part, et le seigneur valache Constantin Brâncoveanu – soutenu par les boyards et l’empire otoman – et le seigneur moldave Mihai Racoviță, d’autre part. Le livre a été écrit à Constantinople, dans les années 1703-1705.

Le sujet de l’écriture est les aventures compliquées de la vie politique de l’époque, dans laquelle tous les personnages sont des animaux, mais ils représentent les personnes contemporaines de l’auteur. L’indice à la fin clarifie les vrais noms des acteurs du roman.

Premier roman de fiction de la littérature roumaine, publié seulement un siècle après sa publication, il reste un genre sans héritage direct. Par la critique constructive apportée à son époque, l’auteur construit une utopie de l’état idéal. 

Nous retenons ici le portrait de l’auteur, fragment qui témoigne le style baroque de l’écriture. 

« Eu m-am vechit, m-am veştedzit şi ca florile de brumă m-am ovilit. Soarele m-au lovit, căldura m-au pălit, vînturile m-au negrit, drumurile m-au ostenit, dzilele m-au vechit, aii m-au îmbătrînit, nopţile m-au schimosit şi, decît toate mai cumplit, norocul m -au urgisit şi din dragostele conte m-au izgonit. Iară acesta nou, vios, vlăgos, ghizdav şi frumos, ca soarele de luminos, ca luna de arătos şi ca omătul de albicios ieste. Ochii şoimului, pieptul leului, faţa trandafirului, fruntea iasiminului, gura bujorului, dinţii lăcrămioarelor, grumadzii păunului, sprîncénele corbului, părul sobolului, mînule ca aripile, dégetele ca radzele, mijlocul pardosului, statul chiparosului, peliţa cacumului, unghele inorogului, glasul bubocului şi vîrtutea colunului sont.
― Dimitrie Cantemir, Istoria ieroglifică

« J’ai vieilli, je me suis épuisé et comme les fleurs du givre je me suis recroquevillé. Le soleil m’a frappé, la chaleur m’a fait pâlir, les vents m’ont noirci, les routes m’ont fatigué, les jours m’ont vieilli, ceux-là m’ont vieilli, les nuits m’ont estropié et, pire que tout, la chance - ils m’ont chassé et chassé de l’amour. Encore une fois ce nouveau, vivant, chaleureux, hospitalier et beau, comme le soleil brillant, comme la belle lune et comme l’homme blanchâtre sort. Les yeux du faucon, la poitrine du lion, le visage de la rose, le front du jasmin, la bouche de la pivoine, les dents des alouettes, les touffes du paon, les sourcils du corbeau, les cheveux de la zibeline, les mains comme des ailes, les doigts comme des rads, le milieu du sol, la stature du cyprès, la peau du cacum, les ongles de la licorne, la voix du bubonique et le vortex de la colonne sont.
― Dimitrie Cantemir, Histoire hiéroglyphique

revue roma blanc 120 Cette page a été rédigée pour ROMA·NET par Alice Toma.
ULB multigram Label