E por vezes (David Mourão-Ferreira)
David Mourão-Ferreira (né à Lisbonne en 1927 et décédé en 1996 dans la même ville) est un nom d’envergure dans la culture portugaise du XXe. Écrivain, traducteur, critique littéraire, professeur, il a exercé des fonctions de direction dans plusieurs journaux et publications littéraires, notamment la revue Colóquio-Letras, de la Fondation Calouste Gulbenkian, ainsi que des fonctions de Secrétaire Général de la Société Portugaise d’Auteurs et Vice-Président de l’Association Internationale des Critiques Littéraires. David Mourão-Ferreira fut encore Secrétaire d’État pour la Culture entre 1976 et 1979.
Le poème présenté, un sonnet en décasyllabes, illustre bien la place de la tradition classique dans les textes de David Mourão-Ferreira, qu’il cherche à harmoniser avec les valeurs de la modernité. Ici, la mesure du temps qui passe est intime, c’est la mesure du temps dans l’intimité, les instants sont fugaces mais résistent dans la mémoire, les nuits se confondent avec des océans, des années s’envolent dans une seconde.
La poésie de David Mourão-Ferreira est très liée au fado, alors que Amália Rodrigues, la grande diva de cette chanson portugaise, a chanté plus de deux dizaines de ses textes. Le poème E por vezes, à son tour, a été chanté par Camané (Do amor e dos dias, 2010) et est disponible en ligne[1].
E por vezes as noites duram meses | Et parfois les nuits durent mois |
E por vezes os meses oceanos | Et parfois les mois océans |
E por vezes os braços que apertamos | Et parfois les bras que nous serrons |
nunca mais são os mesmos E por vezes | ne sont plus jamais les mêmes Et parfois |
encontramos de nós em poucos meses | nous trouvons de nous en quelques mois |
o que a noite nos fez em muitos anos | ce que la nuit nous a fait pendant des années |
E por vezes fingimos que lembramos | Et parfois nous faisons semblant de rappeler |
E por vezes lembramos que por vezes | Et parfois nous nous rappelons que parfois |
ao tomarmos o gosto aos oceanos | en prenant goût aux océans |
só o sarro das noites não dos meses | seulement le tartre des nuits et pas de mois |
lá no fundo dos copos encontramos | nous trouvons au fond des vers |
E por vezes sorrimos ou choramos | Et parfois nous rions ou nous pleurons |
E por vezes por vezes ah por vezes | Et parfois parfois ah parfois |
num segundo se evolam tantos anos. | Des années s’envolent dans une seconde. |
(Matura Idade) |
[1] https://www.youtube.com/watch?v=LilYfpgrVaA
Cette page a été rédigée pour ROMA·NET par Ana Corga Vieira. |