L'expression du souhait en français

Dans un établissement public, pour des raisons de bienséance mais aussi pour des raisons culturelles, on préférera exprimer des souhaits, qui sont des formes « édulcorées » de l'injonction : ils visent à faire agir ou réagir… en y mettant les formes.

L'expression des désidératas et autres souhaits passe le plus souvent par des formes verbales en –rais – les « conditionnels » de la grammaire scolaire, qui sont en réalité des futurs du passé, c'est-à-dire des formes verbales qui laissent le champ ouvert à tous les possibles, raison pour laquelle ils se prêtent particulièrement bien à l'expression du souhait. N'inscrivant pas l'action dans le temps, ils invitent à agir sans fixer d'échéance et sans que le destinataire du message se sente acculé à agir. Comparez sur ce point :

Je voudrais un café glacé.
Je boirais un café crème.

et

Servez-moi un Irish coffee.
Je veux un décaféiné.

Dans cet emploi, les formes en –rais peuvent s'accompagner de l'adverbe bien :

Je voudrais bien un latté.
Je prendrais bien un lait russe.
Je boirais bien un touba.

Les autres formes du futur peuvent également servir l'expression du souhait, mais dans des circonstances plus contextualisées :

Pour moi, ce sera un expresso.
Je vais prendre un café viennois.

Le souhait connaissait des blocages moindres que l'injonction pure et simple face aux différentes personnes grammaticales (reportez-vous à notre fiche sur l'injonction), notamment en ce qu'il peut se dire d'une personne absente. Il est de même compatible avec la personne qui parle :

Je voudrais un café turc.
Je prendrais bien un moccaccino.

revue roma blanc 120 Cette page a été rédigée pour ROMA·NET par Annick Englebert.
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