Les degrés de l'adjectif en français

Les deux degrés de l'adjectif français sont le comparatif et le superlatif.
Parmi les différentes catégories de déterminants du nom, seuls les adjectifs qualificatifs (catégorie dans laquelle il faut inclure les participes passés et autres formes adjectivales du verbe) connaissent des degrés de comparaison par lesquels on peut nuancer l'information que l'adjectif ajoute au nom.
Cette aptitude à varier en degré touche la quasi-totalité des adjectifs.
Il existe toutefois en français quelques cas de blocage qui empêchent de nuancer l'adjectif, notamment lorsque l'adjectif concerné est dérivé d'un nom :

Tristan a acheté une vache laitière ⟶ cette vache est la plus laitière de toutes les vaches que je connais.

ou lorsque l'adjectif résulte de la conversion d'un nom en adjectif :

Iseult a organisé une fête monstre ⟶ la fête la plus monstre de l'année
La nouvelle du mariage de Tristan et Iseult est une information bidon ⟶ une information moins bidon que la précédente

1. Le comparatif

Le français connait deux modes de composition du degré comparatif, l'un analytique, l'autre synthétique.
Les formes analytiques sont les plus courantes ; elles sont composées

  • d'un adverbe marquant l'égalité (aussi, parfois réduit à si en présence d'une négation) ou la disparité (plus, moins), qui nuance l'adjectif ;
  • et de que qui introduit ce qui sert de point de comparaison:

Iseult a une robe plus belle que celle d'Aliénor.
Iseult a une robe moins belle que celle d'Aliénor.
Iseult a une robe aussi belle que celle d'Aliénor.
Iseult n'a pas une robe aussi / si belle que celle d'Aliénor.

Les formes synthétiques, héritées du latin, ne concernent que quelques d'adjectifs :

petit → moindre
bon → meilleur
mauvais → pire

Pour ces quelques adjectifs, la forme comparative synthétique peut être concurrencée par une forme comparative analytique, parfois différenciée de la forme synthétique par le sens :

La tourte aux figues de Tristan est meilleure que celle d'Iseult >< La tourte aux figues de Tristan est plus bonne que celle d'Iseult
⟶ seule la forme synthétique est possible

Un problème moindre que celui d'Iseult se pose à Tristan ≠ Un problème plus petit que celui d'Iseult se pose à Tristan.
⟶ la forme synthétique ne dit pas la même chose que la forme analytique

La tourte aux figues de Tristan est pire que je ne l'imaginais = La tourte aux figues de Tristan plus mauvaise que je ne l'imaginais.
⟶ la forme synthétique dit la même chose que la forme analytique

Le français utilise assez peu le comparatif sans exprimer le second terme de la comparaison, bien que le procédé soit tout à fait correct syntaxiquement :

Cette fois, Tristan chevauche un cheval plus rapide.
⟶ 'plus rapide que celui qu'il chevauchait la fois passée'.

Iseult est allée échanger ses chaussures contre une paire de chaussures plus petites.
⟶ 'plus petites que celles qu'elle avait achetées précédemment'

Iseult s'est fait faire une jupe moins longue.
⟶ 'moins longue que celle qu'elle portait au bal de l'an passé'

Tristan ne se souvient pas avoir déjà vu un ciel aussi/si bleu.
⟶ 'aussi bleu que celui qu'il a sous les yeux'

2. Le superlatif

Le degré superlatif recourt en français aux mêmes formes, analytiques et synthétiques, que le comparatif, à cette différence que dans la construction superlative, on ne formule pas ce qui sert de point de comparaison.
Le français fait la distinction entre un superlatif relatif et un superlatif absolu, qui se construisent différemment.
Le superlatif relatif se positionne toujours devant le nom qu'il détermine ; il ne s'accommode que des déterminants le, mon (ton, son…) ou ce (un déterminant un ou du ferait basculer le superlatif relatif du côté du comparatif) :

La plus grande consolation de Tristan est de savoir Iseult en sécurité.
L'équipe de Tristan a placé son plus grand espoir en son quatrième cavalier.
Le meilleur ami de Tristan est amoureux d'Aliénor.

Le superlatif absolu se positionne toujours derrière le nom qu'il détermine ; il ne s'accommode que des déterminants le, mon (ton, son…) ou ce, un déterminant qui est reformulé sous l'unique forme de l'article le devant le marqueur de disparité :

La consolation la plus douce de Tristan est de savoir Iseult en sécurité.
L'équipe de Tristan a placé son espoir le plus grand en son quatrième cavalier.
L'ami le meilleur de Tristan est amoureux d'Aliénor.

Sur le plan du sens, la nuance de sens entre les deux constructions superlatives est souvent mince ; les différences sont avant tout syntaxiques.

revue roma blanc 120 Cette page a été rédigée pour ROMA·NET par Annick Englebert.
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