1. Les sons
Le système vocalique du français compte 12 voyelles orales (que l'on prononce en expulsant l'air uniquement par le canal buccal).
Les voici illustrées d'exemples :
API |
comme dans |
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API |
comme dans |
a |
patte, papa |
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ɛ |
mer, fête |
ɑ |
pâte, tas |
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o |
seau, cône |
ə |
petit, ventre |
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ɔ |
porte, homme |
ø |
jeu, feu |
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i |
ville, style |
œ |
fleur, seul |
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u |
genou, loup |
e |
blé, chez |
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y |
nu, cru |
Le système vocalique français connait également 4 voyelles nasales du français (que l'on prononce en expulsant l'air à la fois par le canal buccal et par les fosses nasales).
Les voici illustrées d'exemples :
API |
comme dans |
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API |
comme dans |
ɑ̃ |
rang, cent |
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ɔ̃ |
bon, thon |
ɛ̃ |
vin, pain |
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œ̃ |
brun, un |
Soit au total, 16 voyelles françaises, que l'on peut figurer sous la forme d'un tableau :
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Point d'articulation |
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Antérieures |
Postérieures |
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non arrondies |
arrondies |
arrondies |
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orales |
nasale |
orales |
nasale |
orales |
nasales |
Degré d'aperture |
fermées |
1 |
i |
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y |
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u |
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mi-fermées |
2 |
e |
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ø |
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o |
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mi-ouvertes |
3 |
ɛ |
ɛ̃ |
œ |
œ̃ |
ɔ |
ɔ̃ |
ouvertes |
4 |
a |
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ɑ |
ɑ̃ |
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(ə)[1] |
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Le français ne connait aucune diphtongue, c'est-à-dire aucune suite de deux voyelles ne constituant qu'une seule syllabe (la langue française connaissait beaucoup de diphtongues au Moyen-Âge, mais elles n'ont pas passé le cap du XVIIe siècle). En français, lorsque deux voyelles se suivent directement dans la chaine parlée,
- soit elles constituent deux syllabes distinctes :
obéir = o-bé-ir [obe-iʁ]
nous voudrions = vou-dri-ons [vu-dʁi-ɔ̃]
nuage = nu-age [nuaʒ] — prononcé à Bruxelles
- soit la première des deux voyelles se transforme en semi-consonne, l'ensemble ne formant qu'une syllabe avec une unique voyelle :
pluie = pluie [plɥi]
nuage = nuage [nɥaʒ] — prononcé à Paris
Il n'y a pas d'autre alternative, sauf dans les mots empruntés aux langues qui connaissent des diphtongues :
à priori se prononce comme en latin ou comme en italien
ferry-boat se prononce comme en anglais
2. Les lettres
Pour transposer les sons à l'écrit, le français recourt à l'alphabet latin. Comme l'alphabet latin ne compte que 5 signes pour rendre compte des voyelles – A-E-I-O-U —, la langue française a dû faire preuve d'ingéniosité au fil des siècles pour arriver à rendre 16 sons au moyen de ces 5 signes.
Les trouvailles de la langue française ont essentiellement pris trois voies.
2.1. Les signes diacritiques
Les voyelles écrites du français peuvent se doter de signes diacritiques, qui peuvent donner des informations sur la prononciation du son qui leur est associé :
- l'accent aigu sur un e nous indique qu'il se prononce fermé, à l'opposé du e surmonté d'un accent grave, qui se prononce ouvert :
thème ~ thématique
collège ~ collégien
- l'accent circonflexe sur un o nous indique qu'il se prononce fermé, à l'opposé du o sans accent qui rend un son ouvert:
côte ~ cote
- l'accent circonflexe sur un a nous indique qu'il est vélarisé, à l'opposé du a sans accent, qui renvoie au [a] standard :
pâte ~ patte
Mais ces mêmes signes ont d'autres fonctions : par exemple, l'accent grave et l'accent circonflexe sont utilisés aussi pour faire la différence entre des homonymes :
à ~ a
ou ~ où
sur ~ sûr
du ~ dû
de sorte qu'on ne peut pas systématiquement induire la prononciation d'une lettre à partir de sa forme écrite.
2.2. Les digrammes et trigrammes
La trouvaille la plus ingénieuse de la langue française pour rendre compte par écrit de ses nombreuses voyelles est la constitution de digrammes (deux signes écrits qui ne rendent qu'un son) et de trigrammes (trois signes écrits qui ne rendent qu'un son). En voici quelques exemples :
- ai rend [e] : j'ai, quai…
- au rend [o] : pauvre, chaude
- ou rend [u] : cou, loup
- eu rend [œ] : fleur, peur
- eu rend [ø] : bleu, heureux
- eau rend [o] : eau, beau
- oeu rend [œ] : cœur
D'une manière générale, les voyelles nasales du français sont rendues à l'écrit par des digrammes combinant une voyelle et un n ou un m :
un bon vin blanc
2.3. Le rejet du principe un son ↔ une lettre
Ce qui fait toute la difficulté de l'orthographe française demeure toutefois le fait que les trouvailles que sont les signes diacritiques, les digrammes et les trigrammes n'ont pas été systématisées, et que d'une manière générale la langue française n'a pas réussi à instaurer une correspondance systématique entre un son et un signe écrit :
oeu rend [œ] dans cœur mais [ø] dans nœud
ai rend [e] dans j'ai, mais [ɛ] dans faire, chaine
Ainsi, dans un même mot, une même lettre va pouvoir correspondre à des sons différents :
terre : e rend [ɛ] et [œ/ə]
rigolo: o rend [ɔ] et [o]
Inversement, au sein d'un même mot, un même son va pouvoir être transcrit diversement :
il fêtait : [ɛ] est rendu par ê et ai
pendant : [ɑ̃] est rendu par en et an.
[1] De nombreux locuteurs ne perçoivent plus aucune différence entre le /ə/ et le /œ/, et produisent un /œ/ là où la tradition des phonéticiens note un /ə/. C'est pourquoi ce son est entre parenthèses dans notre tableau.
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Cette page a été rédigée pour ROMA·NET par Annick Englebert. |