Le système vocalique de l'italien

1. L'alphabet italien

L'alphabet italien se compose de 21 lettres :

a, b, c, d , e , f , g , h , i , l , m , n , o , p , q , r , s , t , u ,v , z
[a], [bi], [ci], [di], [e], [effe], [gi], [acca], [i], [elle], [emme], [enne], [o], [pi], [qu], [erre], [esse], [ti], [u], [vi], [zeta]

Ces lettres se répartissent en

  • 16 consonnes : b, c, d, f, g, h, l, m, n, p, q, r, s, t, v, z
  • 5 voyelles : a, e, i, o, u

2. Du latin à l'italien

[1]

3. Le triangle vocalique de l'italien

 

4. L'italien et le français face à face

Voyelles - Vocali Français-Francese Italien-Italiano
/i/ i fermé idée idea
/e/ é chiusa/fermé fécond fecondo
/ɛ/ è aperta/ouvert terre terra
/a/ a antérieur sac
/ɑ/ a postérieur âne
/a/ a centrale aperta/ mi-ouvert cane
/ɔ / o aperta/ouvert mode moda
/o/ o chiusa/fermée positif positivo
/u/ ou français ouragan uragano
/y/ u français lune
/œ/ eu ouvert fleur
/ø/ eu fermé feu
/ə/ e central samedi
/ɛ̃/ nasal lapin
/œ̃/ nasal un
/ɑ̃/ nasal blanc
/ɔ̃/ nasal bon

En italien, les voyelles se prononcent séparément :

pa-ura/peur → /paˈura/.

Les sons des voyelles ne se combinent pas comme en français, même quand il y a trois ou quatre sons vocaliques ou semi-vocaliques qui se suivent:

tu-o-i, gu-a-i, a-i-u-o-la.[2]

5. L'accent tonique

En italien, il est obligatoire de marquer graphiquement l'accent tonique seulement dans les mots où il tombe sur la voyelle finale de la première syllabe (on commence à compter les syllabes de la fin du mot) :

cit-tà, vir-tù, po-po-la-rit-à, per-ché, già, lì, là ...

Dans quelques cas, la présence de l'accent graphique peut nous aider à distinguer deux mots écrits de la même façon mais qui ont une signification différente.

è (3e personne du verbe être) ~ e (conjonction) ;
dà (3e personne du verbe dare) ~ da (préposition);
(négation) ~ ne (pronom);
sé (pronom) ~ se (conjonction) ;
lì (adverbe) ~ li (pronom COD);
là (adverbe) ~ la (article féminin singulier);
tè (nom) ~ te (pronom);
(adverbe) ~ si (pronom).

6. Les voyelles « e » - « o »

Si l'accent tonique ne tombe pas sur ces voyelles, elles se prononcent généralement comme si elles avaient un accent aigu (é, ó). Le son est donc fermé :

correre /ˈkorrere/, terremoto /terreˈmɔto/, secondo /seˈkondo/

La prononciation ouverte ou fermée des deux voyelles est significative quand elle désigne deux mots égaux dans la graphie mais qui ont des significations différentes : les homographes.
ATTENTION! On entend cette différence dans la langue parlée; par contre, dans la langue écrite, l'accent n'apparaît pas.

Lègge (3e p.s. du verbe leggere/lire) ~ légge (la norma/la lois)
Vènti (le pluriel de vento/le vent) ~ vénti (adjectif numéral venti/vingt)
Còlto (du verbe cogliere/cueillir) ~ cólto (istruito/instruit)
Fòro (piazza/la place) ~ fóro (buco/le trou)[3]

Mais l'ouverture ou la fermeture des voyelles « e » et « o » n'est pas la même en toute l'Italie: en correspondance d'un « e » ouvert florentin on a souvent un « e » fermé dans l'Italie septentrionale et dans une partie de l'Italie du sud (es.: pres-ènza →presénza); en correspondance d'un « o » fermé florentin on a souvent un « o » ouvert au Piedmont, en Ligurie (deux régions de l'Italie du nord et dans une partie de l'Italie du sud (es.: disp-ósto disp-òsto)

7. La lettre « i »

La lettre « i » peut modifier la prononciation de certaines consonnes.
Quand le « i » n'est pas là: les consonnes « c » et « g » suivies par a, o, u se prononcent /k/ et /g/ (ce sont des consonnes occlusives vélaires respectivement sourde et sonore)

la carta (le papier)
la corte (la cour)
il cubo (le cube)
la gabbia (la cage)
la gola (la gorge)
il gusto (le goût)

Quand le « i » est là, les consonnes « c » et « g » suivies par i, e se prononcent /ʧ / et /ʤ/ (ce sont des consonnes affriquées palatales respectivement sourde et sonore)

la cima (le sommet)
la cera (la cire)
la gita (l'excursion)
il gelo (le gel/le froid)

c /ʧ /, g /ʤ/ + e/ie : dans ces cas le « i » n'est qu'un signe graphique et ne renvoie à aucun son à part entière. Cela veut dire qu'on prononce le mot comme si le « i » n'y était pas :

cieco /ˈtʃɛko/ (le “i” n'apparaît pas dans l'écriture phonétique du mot)
il cieco (l'aveugle)
il cielo (le ciel)
la crociera (la croisière)
efficiente (efficace)
la società (la société)
la/le specie (l'espèce)
sufficiente (suffisant)
la superficie (la superficie)
l'effigie (l'effigie)
l'igiene (l'hygiène)

8. Les voyelles suivies par « m » et « n »

Elles ne se nasalisent pas :

entrata /enˈtrata/,
importante /imporˈtante/,
interessante /interesˈsante/,
ombra /ˈombra/,
unghia /ˈungja/

9. Diphtongue, triphtongue, hiatus

Une diphtongue est formée de la rencontre des voyelles « i » e « u » avec les autres voyelles, « a », « e », « o ».
Une diphtongue est ascendante si les voyelles i e u sont atones (l'accent tonique ne tombe pas sur elles) et précèdent une autre voyelle tonique ou atone (ia, ie, io, iu, ua, ue, uo, ui).

abbia (1re, 2e, 3e personne du subjonctif du verbe « avere », Credo che tu abbia ragione),
lieto (content),
fiore (la fleur),
fiume (le fleuve),
guasto (gâté, en panne),
guerra (la guerre),
buono (bon),
guida (le guide)

Une diphtongue est descendante si les voyelles « i » e « u » sont atones et suivent une autre voyelle (ai, ei, oi, au, eu).

fai (2e personne du verbe « fare », tu fai),
bei (dei bei fiori/ des belles fleurs),
poi (après),
bau bau (le bruit du chien),
europeo (européen)

Une triphtongue se compose des voyelles i et u et d'une autre voyelle tonique : (uoi, uai, iuo).

vuoi (2e personne du verbe « volere », tu vuoi),
guai (les dégâts),
figliuolo (petit, mon fils, fiston),
premiai (passé simple du verbe « premiare »),
miei (adjectifs possessif, masculin pluriel)

Dans un hiatus les voyelles « i » et « u » n'y sont pas (ae, eo) ou si elles y sont, elles sont toniques (ia, au).

maestro (le maître),
neo (grain de beauté),
geografia (/dʒeograˈfia/) / la géographie,
paura (/paˈura/) / la peur

10. Glossaire

  • Syllabe : la plus petite unité phonétique qui est formée de consonnes et de voyelles et qui se prononce d'une seule émission de voix.
  • Accent tonique : quand on partage un mot en syllabes c'est l'accent qui met en évidence la syllabe où le ton de la voix augmente en prononçant le mot. Cette syllabe est une syllabe tonique, qui est indiqué dans l'écriture phonétique avec un ‘ qui précède la syllabe accentuée. Les autres syllabes sont atones.
  • Consonne occlusive sourde/sonore : quand on prononce ce type de consonne, l'air ne sort pas de la bouche et il se produit une petite explosion. Si la consonne est sourde les cordes vocales ne vibrent pas ; par contre, si la consonne est sonore, les cordes vocales vibrent. ( /p/, /b/, /t/, /d/, /c/, /g/)
  • Consonne affriquée sourde/sonore : quand on prononce ce type de consonne, dans un premier temps, l'air ne sort pas de la bouche, puis il passe par une ouverture plus étroite. (/ts/, /dz/, /ʧ /, /ʤ/)

 


[1] https://it.wikipedia.org/wiki/Latino_volgare

[2] Nous avons utilisé les petits traits pour indiquer que les voyelles ne se combinent pas. Cela ne représente aucunément la division en syllabes qui serait : tuoi, guai, a-iuo-la.

[3] Nous avons mis l'accent sur les voyelles « e » et « o », pour faciliter la compréhension. En effet, sur ces voyelles l'accent tonique graphique ne se marque pas.

revue roma blanc 120 Cette page a été rédigée pour ROMA·NET par Sabina Gola.
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