Le système vocalique du roumain

Le système vocalique roumain comprend sept phonèmes qui se distinguent entre eux d'après leur aperture et leur localisation. Il existe trois degrés d'aperture : maximum (voyelle ouverte a), moyen (voyelle semi ouvertes ou moyennes o, ă, e) et minimum (voyelles fermées u, î, i). Il existe trois séries de localisation : antérieure (e, i), médiane (a, ă, î), postérieure (o, u).

Les phonèmes-voyelles sont réalisés de façon identique en syllabe accentuée et inaccentuée.
À la différence du français et du portugais, le roumain ne connaît pas de voyelles nasales à valeur phonologique, mais uniquement des allophones nasales, notamment avant un n ou un m suivis d'une consonne : arunca ‘jeter'.
Les phonèmes vocaliques caractéristiques du roumain sont les voyelles centrales non-arrondies ă et â/î. Le phonème représenté par la lettre ă en roumain ne se retrouve que dans une seule autre langue romane : le portugais. C'est en revanche un phonème bien représenté dans les langues du sud-est européen appartenant au noyau de l'union linguistique balkanique (daco-roumain, aroumain, méglénoroumain, mais aussi bulgare et albanais). Ce fait explique l'hypothèse d'une origine substratique (Rosetti 1886 : 225-228).
L'origine et surtout l'ancienneté du phonème reproduit dans l'orthographe actuelle par î en position initiale et finale de mot et par ă à l'intérieur du mot, est plus incertaine : en dehors du roumain il n'existe qu'en istroroumain et dans une partie des dialectes aroumains, et sa phonologisation en daco-roumain est assez tardive (avant le XVIe siècle dans les parlers valaques, plus tardivement dans les parlers moldaves, cf. Vasiliu 1968 : 126-128).
Le degré d'aperture a un rôle distinctif aussi bien pour la paire a vs ă que pour ă vs â/î : o casă ‘une maison' vs casa ‘la maison' ; mări ‘(des) mers' vs mari ‘grands' ; rău ‘méchant' vs râu ‘rivière' ; ură ‘il souhaita' vs urî ‘il haït'.
La lettre i peut noter : la voyelle – dimineața ‘le matin' ; niște ‘quelques' ; la semi-voyelle – ai ‘tu as' ; doi ‘deux' ; un i bref (consonantique) – flori ‘fleurs' ; aveți ‘vous avez'.
La lettre i n'a pas de valeur phonétique lorsqu'elle est précédée de c, g, ch, gh et suivie par une voyelle : ciocolata ‘le chocolat' ; chiar ‘même' ; unghiul ‘l'angle'.
Les groupes de lettres ch, gh (toujours suivis par e ou i) notent les sons /k', g'/ : chem ‘j'appelle' ; ureche ‘oreille' ; vechi ‘vieux' ; înghețată ‘glace' ; unghi ‘angle'.
Le roumain possède un nombre élevé de diphtongues et de triphtongues issues de la combinaison d'une voyelle avec les semi-voyelles e, o, i, u (Vasiliu 1989, 2s): diphtongues ascendantes – ea, eo, ia, ie, io, iu, oa, ua, uă ; diphtongues descendantes – ai, au, ăi, ău, ei, eu, iu, îi, îu, oi, ou, ui ; triphtongues – eai, oai , iai, eau, iau, ieu, iei, ioi, eoa, ioa.

revue roma blanc 120 Cette page a été rédigée pour ROMA·NET par Alice Toma.
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