L'expression du rêve en portugais

Le mot portugais sonho dérive du latin somnium et son utilisation est attestée en portugais ancien, ou gallégo-portugais, depuis le XIIIe siècle, dans les textes de la lyrique troubadouresque. Il fait référence aux images ou pensées plus ou moins réalistes produites par l’esprit pendant le sommeil. Dans un sens figuré le mot exprime un désir intense ou une aspiration. 

Mais les rêves qu’on fait en dormant ne sont pas toujours agréables, sonhos cor-de-rosa (littéralement ‘rêves rose, de beaux rêves’), ils peuvent être de mauvais rêves, des rêves affligeants, nous parlons alors de pesadelo (‘cauchemar’), diminutif (–elo) de pesado (‘lourd’). Le mot semble apparaitre au XVIesiècle dans les textes portugais, notamment dans Auto da Mofina Mendes, de Gil Vicente (1534). Il faut signaler que la production de Gil Vicente, considéré comme le « père » du théâtre portugais était largement bilingue, portugais/castillan, à une époque où ce bilinguisme fut un phénomène important dans la culture portugaise. Si cette réalité était particulièrement présente dans la cour et parmi les membres des classes sociales plus aisées, elle était pourtant reconnue par la société en générale. 

Pour ce qui est de rêves dans le sens de plans ou désirs infondés, utopiques, le portugais reprend l’image du château. Faire des châteaux dans l’air (fazer castelos no ar), est l’équivalent de l’expression françaisechâteaux en Espagne, mais en portugais nous faisons aussi des châteaux de sable (castelos de areia) quand on se fait des illusions.

revue roma blanc 120 Cette page a été rédigée pour ROMA·NET par Ana Corga Vieira.
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